domingo, 19 de julio de 2009

L'intégrisme a trente ans...

Les violences perpétrées au nom de l'Islam et les dangers intégristes encouragés par des régimes dits islamiques, suscitent encore de drôles de réactions. Cette semaine, le G8 s'est réuni en Italie. C'était l'occasion de parler des grands problèmes du monde auxquels devaient s'atteler les grandes puissances. Après les élections truquées qui ont permis à Ahmadinejad de se maintenir au pouvoir, nous attendions une condamnation unanime, voire des sanctions. Occasion manquée. Le G8 s'est contenté de « déplorer » les violences, sans les condamner toutefois. Depuis trente ans, les grandes puissances se taisent sur l'Iran.


Un communiqué final du sommet a affirmé la détermination des membres du G8 à « trouver une solution diplomatique » au problème nucléaire iranien. Alors que tous les experts s'accordent aujourd'hui sur la forte probabilité qu'une bombe nucléaire iranienne soit prête à l'emploi dans trois ans au plus tard, les grandes puissances rassemblées dans la ville d'Aquila, détruite par un séisme en avril dernier, sont restées calmes et discrètes sur l'Iran. Pourquoi cette prudence ?
Condamner un Etat islamique qui prône et encourage le terrorisme, sanctionner le plus puissant des régimes intégristes, n'auraient pas seulement un impact sur l'Iran, mais sur tous les pays, les mouvements et peut-être les hommes qui pourraient prendre Mahmoud Ahmadinejad comme modèle.

La tentation intégriste est grande, parce que le modèle marche, parce que personne n'ose le remettre en cause.

La première option stratégique consiste à jouer la carte de l'isolement. Fermer les frontières, les ambassades, se couper du monde pour pratiquer à l'envie toutes les discriminations dignes des régimes théocratiques. Avant même les attentats de New York revendiqués par Ben Laden, la destruction des bouddhas de Bamyan montrait la volonté des talibans de se couper de la communauté internationale. Les dessins de Plantu de femmes portant la Burqa ont immortalisé le symbole de cette violence intégriste.
La liste est longue.

L'intégrisme sévit presque partout. Les violences reprennent en Irak à l'heure où l'Amérique s'y désengage. Elles s'intensifient en Afghanistan, elles explosent dans le Xinjiang voisin, où les Ouïghours, musulmans chinois, sont soupçonnés par les Hans d'abriter des groupes intégristes qui fomentent des attentats.
L'intégrisme, phénomène mondial, se banalise. A l'hôpital parisien Robert Debré, en 2006, un gynécologue est agressé parce qu'il ausculte une femme musulmane qui a eu un accouchement difficile. Dimanche 5 juillet dernier, à Talence, un imam est agressé par deux fondamentalistes qui lui reprochent son discours sur le port de la Burqa. Réputé strict, l'imam Mahmoud Doua s'oppose à l'interdiction de la Burqa, mais son discours est jugé « trop républicain, trop intégré », pour les salafistes girondins.


Si l'intégrisme musulman est dangereux pour les pays musulmans, c'est parce qu'il n'y rencontre pas vraiment de contre-pouvoirs. Une fois aux commandes de l'Etat, l'intégrisme se mue en théocratie. Ce n'est donc pas l'Islam qui est intégriste mais la politique. Ce n'est pas l'Imam qui opprime, mais l'Etat islamique.

Dans les pays où l'Islam est minoritaire, pour éviter le risque de passer pour islamophobe, on hésite à dénoncer les abus. Or c'est bien pour éviter les amalgames que l'on se doit d'opérer la distinction entre les intégristes musulmans et les musulmans. C'est grâce à l'accusation de « racisme anti islam » que l'intégrisme musulman s'est progressivement installé dans le paysage occidental. Tariq Ramadan, fondamentaliste musulman, se présente comme un défenseur des droits de l'Homme. Les attentats suicides deviennent des opérations martyres, sans que l'on ne précise jamais qui sont les martyres.
Cet intégrisme est né il y a 30 ans.

C'est d'ailleurs au cours de la Révolution islamique en Iran en 1979 que les premiers « islamophobes » sont apparus ; dans le langage shiite intégriste iranien, « islamophobe » voulait dire « opposant au régime des Mollahs »... Et parmi les premiers islamophobes, figurèrent les féministes, celles et ceux qui encourageaient les femmes iraniennes à ne pas porter le foulard islamique...

Les premières victimes de l'intégrisme musulman sont les musulmans eux-mêmes. Au Moyen Orient, les pays modérés vivent dans la crainte permanente d'une menace intégriste. En Europe ou ailleurs, l'intégrisme musulman donne une image souvent caricaturale de l'Islam.

Il serait bien naïf de considérer que l'intégrisme musulman se présente comme une réaction contre la domination occidentale, à la manière d'un Roger Garaudy. Condamné pour négationnisme et récipiendaire du Prix Kadhafi des droits de l'homme, Garaudy expliquait dans les années 90 que la cause de l'intégrisme musulman se trouve dans la décadence morale de l'occident et la politique des dirigeants israéliens...
C'est avec de tels discours que l'intégrisme musulman a réussi à obtenir son droit de cité loin des « terres d'Islam ». Après des siècles de colonisation, et trente ans de culpabilisation, le discours du Caire prononcé au mois de juin dernier par Barack Obama était un mea culpa.

Au G8, on stabilise l'ordre mondial. Il faut rassurer, et il convient plutôt de sourire. Ne pas inquiéter, éviter de menacer. Remises à plus tard, donc, les éventuelles nouvelles sanctions contre l'Iran. Nicolas Sarkozy, seul partisan avec la Grande Bretagne d'une condamnation ferme de Téhéran, a fixé une « deadline » : Pittsburgh, où s'organisera un G20, cette fois, au tout début de l'automne prochain. « S'il n'y a pas d'avancées, nous serons amenés à prendre des décisions », a indiqué le Président français, le seul à avoir haussé le ton. Il s'est aussi distingué de son homologue américain en émettant des doutes sur la régularité du scrutin présidentiel iranien, en cond amnant les violences contre les manifestants.

Cette liberté de ton a irrité le régime iranien. L'arrestation et l'emprisonnement de Clotilde Reiss sont des mesures de représailles contre la France, qui compte désormais deux otages chez les intégristes. Clotilde Reiss est l'otage de Téhéran. Accusée d'espionnage pour avoir pris des photos avec son téléphone portable et envoyé un email, elle risque de rester dans une geôle de Téhéran tant que Paris ne rassurera pas l'Iran sur son attitude en cas de conflit armé.

L'autre otage dont la France parle moins, c'est Guilad Shalit. Soldat de Tsahal et citoyen français, il est l'otage du Hamas depuis trois ans, deux semaines, et deux jours.
Ce soir, nous pensons aussi à lui.

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